« Moi je vois pas l’autisme comme un handicap, mais plutôt comme une différence »
Ouais, ben une différence handicapante.
Là, je vais pas me faire que des amis autistes, parce que cette phrase, ce sont des autistes qui la disent (sinon ce serait du validisme).
Une différence, oui, indéniablement. Mais le handicap, on en parle ? Les situations de handicap (parce que non, parler de situations de handicap, ce n’est pas du blabla bien-pensant) elles existent. Et elles sont bien réelles pour les autistes.
Moi, perso, mon autisme, en fait, je le donne à qui veut bien le prendre. J’ai tenté de me convaincre que mon autisme faisait partie intégrante de moi, qu’il avait contribué à faire qui je suis aujourd’hui, avec mes échecs que j’ai su transformer en atouts, etc. Bla bla bla.
M’en fous. J’en ai marre, je suis fatigué.
Fatigué de me justifier. Fatigué de ne pas comprendre les consignes des administrations à destination des neurotypiques. Fatigué de me mettre dans la merde pour respecter des principes. Fatigué de pas comprendre ce que la personne en face de moi veut vraiment. Fatigué de me faire des nœuds au cerveau. Fatigué de faire de l’anxiété pour une phrase que je comprends pas. Fatigué de pas réussir à gérer des tâches basiques. Fatigué de devoir faire semblant. Fatigué d’être différent. Fatigué d’être fatigué.
Si j’étais pas autiste, ma vie serait différente. Je suis autiste, donc je fonctionne différemment, pas mieux, pas moins bien, juste différemment. Si j’étais pas autiste, ma vie serait différente mais aussi sûrement mieux.
Mieux parce que j’aurais sûrement mieux réussi à l’école, même si j’avais pas été HPI. J’aurais pas passé plus des 2/3 de ma « vie active » au chômage, RMI/RSA. J’aurais pas fait une TS, parce que j’aurais facilement trouvé ma place dans cette société, je n’aurais pas été en décalage. J’aurais peut-être être eu une famille, des enfants, et ça m’aurait rendu heureux. Je vivrais sûrement pas en dessous du seuil de pauvreté. Je me serais pas posé autant de questions sur moi, j’aurais pas fait autant d’introspection, mais j’en aurais sûrement pas eu besoin, parce que justement, ma vie aurait été différente, meilleure, plus simple et que j’aurais pas eu ce regard plein de souffrance qui cherche à comprendre pourquoi.
Pourquoi je peux pas aller vers les autres ? Pourquoi je peux pas faire un boulot qui na pas de sens ? Pourquoi je ne peux pas simplement lui dire ce que je ressens et que je ne comprends pas ce qu’elle, elle ressent ? Pourquoi j’aime pas ces fourchettes-là, avec un manche vert, pourquoi celles avec un manche jaune sont quand même bien mieux ? Pourquoi il faut que je règle tous mes problèmes dans mon lit quand j’ai éteint ? Pourquoi je dois souffrir autant pour être accepté par des personnes dont la norme est de ne pas réfléchir à tout ça ?
Alors oui, on peut s’épanouir malgré son autisme. Mais ne me faites pas croire que c’est sans efforts. Et moi, ces efforts, ils m’epuisent. Ils m’usent. Ils m’érodent.
Heuuuu, ça commence à faire😂…
….de me piquer des lecteurs 🥳
Avec tout mon soutien !✌️